Messager, fossoyeur, allumeur de réverbères, le garde champêtre est tout cela mais aussi avant tout, il est chargé de la répression du braconnage. Les autorités ne manquent pas une occasion de lui rappeler son rôle.

    Mais le garde champêtre a sans doute mieux à faire en forêt que de verbaliser. Le faible nombre de procès-verbaux qu'il signe témoigne d'un manque de zèle certain. En dépit des surveillances constantes et des notations dont il fait l'objet, cet habitant du village ne se plie que rarement au rôle de "verbalisateur" qu'on lui impose. Ernest JULLIEN rapporte la situation en ces termes: " Quiconque habite la campagne sait comme ces officiers de police judiciaire comprennent leurs devoirs; quelques-uns les remplissent avec exactitude, mais le plus grands nombre ont des yeux pour ne rien voir; très indulgents à l'égard des délinquants, s'ils craignent d'avoir une contravention à constater, on est sûr qu'ils dirigeront leurs pas d'un autre côté. Il faut plus les plaindre que les blâmer. Le paysan est intéréssé, vindicatif; il oublie rarement le procès-verbal qui lui a été fait. Les gardes champêtres presque toujours mal rétribués se trouvent souvent en présence  de parents ou de personnes dont ils redoutent l'inimitié. Ils laissent chacun faire à sa guise, pourvu que le dommage ne dépasse pas certaines proportions." Sa personnalité, ses rancunes entrent plus en ligne de compte que le nombre des braconniers dans sa commune.

    Plusieurs communes se partagent le même garde champêtre jusqu'au début du xx siècle. En 1819 on en recense environ un pour deux villages, ce qui ne va pas sans poser de graves problèmes.