LE FAUChage

LE FAUCHEUR
A l'horizon tout proche, l'aube éteint les étoiles,
Au fond de la vallée la brume forme un voile,
Un lourd parfum s'exhale des fleurs fraîches ou fanées
Et de toutes ces herbes courbées par la rosée.
Alerte, mais d'un pas lourd, le faucheur s'achemine,
Ses gros sabots ferrés heurtent les gros cailloux.
L'écho va, répétant par les combes humides,
Le bruit si familier des pierres de chez nous.
Les lumières s'éteignent au village voisin,
Et les autres faucheurs descendent le chemin.
On devine où ils sont dans l'aube encore grise
Car on entend déjà les faux que l'on aiguise.
D'un geste large, souple, fort, régulier, mesuré;
En balançant ses bras devant son corps plié,
Sans effort apparent, lente et rude besogne,
Le faucheur suit des yeux le tranchant qui résonne.
Il regarde, parfois, son travail du matin,
S'essuie le front perlé de son revers de main,
Repart, tête baissée, prend l'élan, recommence,
Son geste familier toujours plein de prudence,
Jusqu'à l'heure où midi s'envole du clocher,
Lui rappelle qu'il faut s'arrêter pour manger.
Armand BARON