LeS RECEGAÏRES
( LES SCIEURS )
Le bûcheron de Bénac coupait son bois pour l’année sur la montagne. Les Eaux et Forêts lui accordaient un droit de coupe qu’il partageait avec d’autres volontaires généralement sur la commune de Brassac au-dessus de Légrillou. Les arbres à abattre étaient marqués par le garde forestier et gare à celui qui dépassait les limites : le
« berbal » le guettait.
Le chef de coupe ayant réparti les lots, on pouvait commencer l’abattage. Il fallait calculer soigneusement dans quelle direction allait tomber l’arbre pour ne pas commettre de dégâts et on commençait à entailler de ce côté-là. Chacun travaillait avec sa hache bien aiguisée. Il frappait fort, avec précision, faisant voler à chaque coup un gros copeau qui venait tapisser le sol tout autour du tronc. Puis il passait de l’autre côté et l’entaille se faisait plus haut pour faciliter la chute. Au bout d’un moment, on avertissait les voisins que l’arbre allait tomber. Et dix coups de hache plus tard, le tronc s’écroulait dans un bruit d’enfer. Alors, on procédait à l’ébranchage, on coupait le tronc et les branches tous les quatre mètres, on rangeait le tout côte à côte pour préparer la « trousse » Avec les rameaux, on pouvait faire les fagots qui permettaient d’allumer le feu ou de l’activer quand la marmite l’exigeait.
Plus tard on venait chercher le tout avec les vaches qui amenaient la charrette jusqu’à la fin de la route. Par le bois en pente, par la piste étroite et caillouteuse, elles traînaient derrière elles à l’aide d’une chaîne la charge qui s’accrochait souvent aux racines. Enfin arrivés, on recoupait les fûts, on les chargeait sur la charrette, on attelait les vaches et on rentrait. C’étaient de rudes journées.
Mais le travail n’était pas fini. On recoupait le bois à la scie à longueur de cheminée, on le refendait avec la masse et les coins, on l’entassait enfin pour qu’il sèche avant l’hiver. On s’était bien réchauffé.
La scie passe-partout, utilisée par ces deux personnages pouvait être utilisée soit pour abattre les arbres soit pour tronçonner les troncs.