Chaque village a son école, une vraie petite école, avec préaux, garçons d'un côté, filles de l'autre. Une cour de récréation pour jeux communs, ce fût ma première école en 1938.

   Bénac avait donc pour école une agréable construction, non loin de l'église et face au Picou qui domine la vallée de la Barguillère. L'étage est réservé à notre instituteur, le rez -de- chaussée à l'enseignement (une partie à la mairie) ,  l'instituteur étant souvent secrétaire de mairie. Dans le cadre de ses fonctions, il régnait en maître sur une quinzaine de bambins, dont les âges variaient de 6 à 14 ans.

   L'instituteur dans le village, jouissait d'une grande considération. On le respectait, on l'admirait pour ses grandes connaissances. On l'appelait "Monsieur " et même le paysan ôtait sa coiffe quand il le rencontrait, pour le saluer.

   Pour les élèves la sévérité était de rigueur, les punitions corporelles "pleuvaient" gifles, oreilles tirées, coups de règle sur le bout  des doigts étaient souvent pratiqués, ainsi que les retenues  du soir.

   L'instituteur savait aussi être d'une grande sagesse, se faisant respecter, il savait s'occuper personnellement d'un élève en difficulté scolaire. Son but à cette époque, amener l'élève au Certificat d'Etude Primaire (14 ans ) Avant l'école obligatoire, les enfants savaient à peine lire et écrire, partageant avec les parents les travaux de leur maigre exploitation. Les progrès sont venus avec l'école obligatoire et gratuite.

   La plupart des élèves étaient du village ou des alentours, il fallait parcourir le chemin entre le domicile et l'école, quatre fois par jour, quelque soit le temps, et en sabots de bois. Le jeudi était jour de repos et certains allaient au catéchisme (à pied ) à Serres sur Arget, Bénac n'ayant pas de curé.

   En classe, il fallait savoir par cœur les leçons et les récitations. L'instituteur nous faisait de la morale, de l'histoire, de la géographie, des sciences, des dictées…..Les plus jeunes avaient droit à une image en récompense de leurs efforts. En rentrant à l'école ils devaient " oublier " le patois et ne penser, écrire et parler qu' en français.

   Le plus dur était une complicité "secrète "entre nos parents et l'instituteur, car si ce dernier nous punissait et que nous rapportions l'incident à la maison, la punition était immédiatement doublée……C'était cela, l'éducation.

                                                     Jean   LAURIER ( ancien élève à l'école de BENAC )