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La  ruscadaÏRO

 

                              

 

 

 

                                                                            Adelin   Dans la plupart de nos fermes et de nos maisons villageoises, nos vieilles meninos mettaient un point d'honneur à montrer leur armoire à linge blanc. Cette profusion de linge était nécessaire car on ne faisait que deux grandes lessives par an : l'une avant la Saint-Jean, l'autre avant la Noël. Et entre chacune d'elles la consommation de linge était importante, surtout en été. Il fallait donc avoir une bonne réserve. Aussi , pendant les six mois qui s'écoulaient d'une lessive à l'autre, le linge sale était monté au grenier et suspendu sur une longue barre transversale. Et lorsque venait le jour de l'épuration, il y en avait tout un chargement .On consacrait à cette grande lessive semestrielle, deux ou trois journées entières. Le cuvier posé sur un trépied, au coin du feu, le fond en était garni de quelques branchages afin que le linge ne vienne pas boucher le trou d'écoulement de l'eau. Puis les pièces étaient  soigneusement empilées, une à une,  dans ce vaste récipient. Le linge était ensuite recouvert  d'une toile grossière sur laquelle on plaçait une épaisse couche de cendres de bois, avec quelques branches de laurier et un bouquet de lavande.

Le lendemain matin un grand feu était allumé et on suspendait un énorme chaudron plein d'eau à chacune des deux crémaillères. Lorsque l'eau bouillait, on la puisait avec une grande casserole à long manche et on la déversait sur les cendres, lentement. L'opération se continuait ainsi une bonne partie de la journée. Le trou de vidange du cuvier était fermé au moyen d'un épi de maïs. De temps en temps on l'enlevait pour recueillir dans le chaudron devenu vide, cette eau qui avait traversé toute l'épaisseur du linge et qui prenait peu à peu une teinte gris- marron: c'était le leichiou. Le second chaudron étant vide à son tour, il était lui aussi rempli avec cette eau de lessive qu' on remettait à chauffer et qu' on versait de nouveau sur le linge. A la fin de la journée on enlevait le bouchon du cuvier et laissait goutter l'eau toute la nuit Le lendemain, à l'aube, on soulevait le cendrier, on vidait le cuvier de tout son contenu et on se préparait à partir pour le lavoir. Chaque lavandière, une toile à sac autour des reins, s'agenouille dans une caisse en bois garnie de paille, devant la planche à laver, ou une pierre plate, l'une et l'autre inclinées dans l'eau limpide où le linge est déversé. Alors chaque ruscadaïro, les manches retroussées jusqu'au dessus du coude, savonne, frotte, bat à tour de bras, plonge et replonge le linge dans l'eau. Et les coups de battoirs se succèdent sans i nterruption pendant des heures. L'opération terminée, le beau linge blanc était étendu sur la haie d'aubépine la plus proche, et il s échait vivement au soleil. Après séchage, tout ce linge était provisoirement plié et entassé dans de grandes corbeilles plates pour être transporté à la maison. Les draps étaient simplement étirés et pliés, et l'autre linge soigneusement repassé par la lissairo. Le tout était ensuite rangé avec un soin minutieux dans la grande armoire. Au milieu de ces trésors immaculés on plaçait quelques feuilles de laurier et de lavande, des racines d'iris et plusieurs coings bien choisis. Aussi quels agréables parfums se répandaient et flottaient dans la chambre chaque fois qu' on ouvrait l'armoire !

Ah !comme il fleurait bon le magnifique linge de nos grand'mères                                                                                                                                                                                       

                                      MOULIS

      

 
[ Le Cami 2010 ]
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