La festejaïro
(LA DAME QUI VA A LA FETE )

LA FÊTE AU VILLAGE
Autrefois, le jour du 15 Août, Bénac connaissait une sorte d'euphorie collective. Chacun avait travaillé dur, les moissons, le dépiquage, les foins étaient terminés; il fallait profiter de cette halte dans les durs travaux des champs. Huit jours avant la date prévue, les maisons faisaient toilette. Les femmes lessivaient les parquets, nettoyaient les carreaux, astiquaient les cuivres à la cendre de bois. On défaisait entièrement les lits, les couettes, les paillasses étaient exposées au soleil toute la journée; ces dernières recevaient un plein de paille fraîche. Les toiles d'araignées disparaissaient des lattes qui les soutenaient. Les bois, soigneusement cirés, brillaient comme des miroirs."l'estamarrou" ( l'étameur ) avait élu domicile au milieu de la place du village ; il arrivait début Août, il lui fallait trois semaines pour satisfaire tous ses clients.
Enfin le grand jour tant attendu arrivait et débutait par la messe annoncée par le carillonneur qui sonnait les cloches à grande volée. A la fin de l'office, c'est en procession que les fidèles se rendaient jusqu'à la Vierge du Peyrou (visible encore aujourd'hui dans le petit bois derrière la mairie) avant de revenir sur la place. Là les musiciens montaient sur un podium en bois et offraient quelques danses à la jeunesse. Vers 13h il fallait rentrer se mettre à table. Ce jour là le menu était un véritable festival de viandes: pot-au-feu, jambon, saucisson, foie gras, civet de lapin….Tous les invités (cousins, oncles, tantes…) restaient bien souvent à table jusqu'au soir et vers huit heures les jeunes quittaient la table pour rejoindre la place attirés par le bal. Et on pouvait danser javas, tango, valses mais aussi bourrées, mazurkas, et quadrilles pour les plus anciens.
Ces réjouissances n'avaient pas l'ampleur du carnaval de Rio, mais l'ardeur que chacun mettait à jouir de l'instant qui passe était le même. A demain les soucis, les astreintes de toutes sortes, aujourd'hui, ne pensons à rien, c'est la fête, profitons-en !